Celle qui était tombée
La Chute
« Le jour ou notre gueule est bien incrusté dans le goudron, on découvre, presque surpris, que l’on a jamais su voler. » N. Rey
Il existe des moments, ou l’on ne sait pas trop pourquoi, tout bascule. A un instant T, on est très haut, sûre pour la première fois de ce que l’on est, de ce que l’on a, parfaitement conscient de notre bonheur, mais sans qu’il soit gâché par les doutes ou quelque confusion. Et puis il y a les secondes après l’instant T, qui ne sont plus qu’une longue redescente vers la réalité, que de ma hauteur, personnellement, j’avais presque oubliée. Une impression de longueur ce retour aux choses merdiques de la vie, en fait 21 minutes défilant sur des rails, ce qui n’est pas vraiment une grande distance quand on était à des années-lumière de là.
Remarquez que sur le coup, on a juste mal et très peur, la douleur devant être due aux frottements de l’air et à la vitesse. La conscience de la chute vient s’ajouter à ces deux sentiments au moment ou on est là, allongé, recroquevillé dans le noir, dans la solitude ou on a bien le temps de revivre les moindre détails de la chute.
Ma construction était parfaite, enfin c'est ce que je pensais, j'étais la plus heureuse, maintenant j'ai juste l'impression que quelqu'un est sorti de moi en claquant la porte et en jettant les clés dans l'égout. Je m'étais livrée, donnée, avouée comme je ne l'avais jamais fais...J'ai maintenant l'impression trop souvent ressentie dans le passé, de n'être qu'une ruine.
Je voudrais pouvoir sortir ces mots, qui sont comme des tessons de verres plantés dans la poignet, pendant que moi claustrophobe je m'acharne sur elle, parce que la porte est bien trop solide pour la forcer, mais mon coeur est sur le point d'exploser chaque fois qu'ils sont à la limite de sortir.
Ce qui fait le plus mal, c'est que ces mots ne sont pas tous infondés, mais cela on peut les pardonner. Et puis il y a les autres, les impardonnables, ceux qui depuis le début de la nuit transforment les larmes en colère, cette vilaine colère que je vois dans mon esprit comme le bouillonnement d'une eau noire et épaisse.
Et pourtant, je suis prête à briser les fenêtres pour rejoindre celui qui a claqué la porte, mais je reste enfermée parce que de toute manière ma gueule est bien trop incrustée sur le béton pour que je puisse faire autre chose que de continuer à sourire pour cacher mes larmes,parce qu'il me semble que j'ai n'ai pas d'autre choix, parce que c'est ce que certains masochistes appellent amour,
et puisque parce qu'au final, une fois qu'on en est là, la vérité n'est plus pudique et s'affiche sans honte aucune
Je ne suis pas quelqu'un de bien
ça va aller maintenant
c'est bien
ça va aller